L’Homme est Dévoré par une Inquiétude,
Il Vise  Toujours à une  Perfection Accrue
 
 
Jean des Vignes Rouges
 
 
 
 
 
«…Faire l’éducation de votre volonté,
cela consiste d’abord à déterminer quelle
sera votre manière de vous comporter dans
la vie, ensuite à vous donner des automatismes
capables d’exécuter fidèlement votre décision.»
 
 
 
Votre volonté sera-t-elle comme un chef constamment présent à son poste de commandement et donnant des ordres sans arrêt?
 
Si oui votre vie sera un enfer d’efforts et de soucis. Vous succomberez à la tâche! Qui veut faire l’ange fait la bête. A force de trop vouloir on finit par être incapable de vouloir.
 
Donnez donc à votre volonté des subordonnés sur lesquels elle puisse compter. Si elle en a une armée à sa disposition, vous serez un puissant général. Ces serviteurs de la volonté, ce sont vos automatismes.
 
Je dis au mot «habitude», comment vous pouvez recruter et instruire cette armée; mais il importe que vous sachiez la manier.
 
Ces automatismes sont comme des travailleurs spécialisés connaissant bien leur métier et qui n’aiment pas que le patron soit constamment «sur leur dos».
 
Vous n’ignorez pas que cette surveillance excessive et agaçante a pour effet de gêner le rendement. Il en est de même pour vos habitudes bien enracinées; toute intervention inopportune de la conscience trouble leur travail. Devez-vous, par exemple, soutenir une conversation importante où vous désirez faire preuve d’aisance, d’esprit, de politesse, d’ascendant? Si vous voulez contrôler tous vos mots, toutes vos intonations de voix, vos gestes, il est fort probable que vous vous montrerez maladroit, sans grâce, impoli, brutal. Vous aurez troublé le jeu de vos réflexes.
 
L’acrobate, le gymnaste, le cycliste, l’escrimeur, la bonne tricoteuse, etc., connaissent bien ce phénomène, aussi se gardent-ils de songer au détail de leurs mouvements. Faites comme eux. A une condition toutefois, c’est que vos automatismes soient parfaitement dressés, entraînés et en bonne forme.
 
En vous fiant ainsi à vos habitudes – à la manière dont un général se fie à ses sous-ordres – vous réaliserez une notable économie d’efforts. Si, par exemple, vous avez développé en vous un automatisme de flegme vous garderez votre calme quoi qu’il advienne, sans avoir besoin de grincer des dents, ni de vous raidir. De même, toutes ces attitudes mentales et corporelles qu’on nomme la prudence, l’obstination, l’ordre, la tempérance, la probité, la sévérité ou l’indulgence, etc. seront des mécanismes toujours prêts à fonctionner si vous avez eu soin de les «monter» convenablement en votre âme. Au garde-à-vous devant votre volonté, ils seront prêts à se déclancher au moindre signe.
 
Bien mieux, il arrivera même que ces automatismes prendront d’eux-mêmes l’initiative de se mettre en mouvement quand ce sera nécessaire. Le boxeur, objet d’une agression subite, se trouve «en garde» et en train de donner des coups de poing, avant que sa conscience ait eu le temps de délibérer.
 
De même les automatismes qui vous poussent à être loyal, fier, méthodique, dévoué, ingénieux, etc. n’attendront pas les ordres de votre volonté pour se mettre en branle lorsque les circonstances le réclameront, ils «partiront» tout seuls, vivement, sans tergiverser.
 
Pourquoi montreront-ils ce zèle et cette vivacité? Parce que, dans l’intimité des cellules nerveuses qui constituent leur organe physiologique, il se sera amassé de l’influx nerveux impatient d’être délivré; vos vertus auront besoin de s’exercer, tout comme le champion de football a besoin de donner des coups de pied à un ballon. Précision dans l’exécution, économie d’efforts, vitesse de rendement, accrue, déclanchement presque instantané, voilà les bénéfices que vous retirerez du bon fonctionnement de vos automatismes.
 
C’est pourquoi je vous le répète une fois de plus: faire l’éducation de votre volonté, cela consiste d’abord à déterminer quelle sera votre manière de vous comporter dans la vie, ensuite à vous donner des automatismes capables d’exécuter fidèlement votre décision. Si vous réussissiez parfaitement ce dressage il arriverait même, à la longue que vous n’auriez plus besoin de vouloir; toute votre personnalité, corporelle et spirituelle, serait devenue votre volonté incarnée.
 
Seulement, en fait, l’homme est dévoré par une inquiétude qui le pousse à se dépasser; il vise toujours à une perfection accrue; aussi la tâche de se donner de nouveaux automatismes n’est-elle jamais finie.
 
D’autre part, si bien dressés que soient vos automatismes, il faut tout de même les surveiller, afin qu’ils ne tournent pas à la routine (voir ce mot), ce à quoi ils tendent nécessairement.
 
La volonté ne doit donc jamais abdiquer entièrement. Son rôle est de commander, sans intransigeance, sans abus, sans brutalité ni criailleries incessantes, mais aussi sans indolence. Elle veut bien laisser les détails de l’exécution aux automatismes, parce qu’elle sait que la corvée de quartier est mieux faite par le soldat de 2e. classe que par le général, mais elle examine de temps en temps si cette corvée est réellement faite.
 
Autrement dit, il convient de considérer vos automatismes comme des moyens mis au service de vos fins. Employez-les, faites leur confiance, cela soulagera votre volonté qui aura ainsi le loisir de songer à son perfectionnement; mais, tout en regardant le paysage et en réfléchissant sur votre destinée future, gardez en main le volant de direction et le pied sur l’accélérateur.
 
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Le texte “Automatisme – les Subordonnés de Votre Volonté” est reproduit du livre  «Dictionnaire de la Volonté», de Jean des Vignes Rouges, Éditions J. Oliven, Paris, 320 pp., 1945, pp. 35-37. Tite originale : «AUTOMATISME. Laissez les subordonnés de votre volonté remplir leur rôle». L’article  a été publié sur les sites Internet de la Loge Indépendante des Théosophes le 17 Mars 2025.
 
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